dimanche 12 août 2018

absinthe. page 80. Djamilia

Nous rentrâmes tard de la gare. Djamilia allait devant. Et la nuit était une splendeur. Qui ne connaît pas les nuits d"août avec leurs étoiles lointaines à la fois, et proches, extraordinairement brillantes ! Chaque petite étoile est en vue. En voilà une, comme engivrée sur ses bords, qui n'est que scintillation de petits rayons glacés, du ciel sombre elle regarde notre terre avec un naïf étonnement. Nous roulions dans le défilé, et moi je la regardais là-haut longuement. C'était avec plaisir que les chevaux trottaient vers l'écurie, sous les roues le cailloutis grinçait. Le vent de la steppe, apportait un amer pollen d'absinthes en fleur, un à peine perceptible  aromate d'orge mûre, refroidi ; et tout cela, se mêlant à l'odeur du goudron et des harnais des chevaux en sueur, vous faisait un peu tourner la tête.

Tchinghiz Aïtmatov, Djamilia, Folio, 2001.
(traduit du kirghiz par A. Dimitrieva et L. Aragon)

Tchinghiz Aïtmatov (1928-2008)
Il a d'abord écrit en kirghize, puis il le fera en russe.
Peu d'ouvrages disponibles en traduction française. Toutefois deux romans chez le Temps des cerises.

jeudi 1 mars 2018

absinthe. page 140. Bartleby et compagnie

Ce fut longtemps l'aspiration d'Oscar Wilde, exprimée dans La Critique créatrice, que de "ne rien faire du tout, ce qui est la chose la plus difficile au monde, la plus difficile et la plus intellectuelle".
A Paris, où il passa les deux dernières années de sa vie, c'est un sentiment d'anéantissement moral absolu qui lui aura permis de réaliser son vieux rêve de ne rien faire. En effet, durant les deux dernières années de sa vie, Wilde n'écrivit pas, ayant résolu de cesser à jamais de le faire, pour connaître d'autres plaisirs, connaître les joies sages de l'inaction, se consacrer exclusivement à la paresse et à l'absinthe. Celui qui avait traité le travail de "malédiction des classes buveuses" fuyait maintenant la littérature comme la peste et se mettait à la promenade, à la boisson, voire, avec une certaine fréquence, à la contemplation pure et dure.

Enrique Vila-Matas, Bartleby et compagnie, Christian Bourgois éditeur, 2002.
(traduit de l'espagnol par Eric Beaumatin)



 Enrique Vila-Matas, né en 1948


(photo Ulf Andersen)

dimanche 14 janvier 2018

absinthe. page 5. Le cri du peuple - Les heures sanglantes





ps : n'ayant pas lu le roman de Jean Vautrin (Le cri du peuple, Grasset, 1998) je ne sais si le terme y apparaît...


Jacques Tardi (1946)