lundi 28 juillet 2014

absinthe. page 55. Les mémoires du Baron Mollet

Lorsque nous nous retrouvions, Apollinaire me parlait souvent d'un homme extraordinaire qui guérissait toutes les maladies, un médecin homéopathe, l'homéopathie étant la panacée universelle. Un jour il m'emmena dans un bar de la rue d'Amsterdam au coin de la place de Budapest, qui s'appelait Austin's. Un immense comptoir occupait presque tout l'établissement. Dans le fond, une petite salle où se réunissaient les habitués. Cette pièce allait devenir célèbre par les jeunes qui allaient la fréquenter. Dès l'entrée, il me présenta à un consommateur, seul à une table, "le docteur Roussel, le frère du peintre Roussel dont tu as entendu parler". J'avais devant moi le fameux homéopathe. Comme médicament, il avait devant lui une absinthe plutôt bien servie.
Il me fut dès l'abord sympathique. Il connaissait beaucoup de monde. Par son frère apparenté à Vuillard, il approchait tout le milieu pictural que l'on appelait l'Ecole de Ville-d'Avray. Guillaume était entré en relations avec lui tout à fait par hasard.

Jean Mollet dit le Baron Mollet, Les mémoires du Baron Mollet, Le Promeneur, 2008.


Le Baron Mollet,entre Boris Vian et Michel Leiris, 
lors d'une réunion du Collège de Pataphysique (28 mai 1959).

Jean Mollet (1877-1964), "électron libre" qui fréquenta les milieux artistiques (littéraires et picturales), André Salmon, Guillaume Apollinaire, Alfred Jarry, Pablo Picasso, Francis Carco, depuis le début du XX° jusqu'à l'après guerre... puis tardivement (re)découvert/adoubé par le Collège de Pataphysique.