vendredi 1 octobre 2010

absinthe. page 22. L'hôtel du nord

Lecouvreur avait noué un tablier bleu sur son ventre, retroussé ses manches de chemise, enfoncé sa casquette sur les yeux pour en imposer davantage. M. Goutay, près du comptoir, le mettait au courant. Ils inventoriaient les apéritifs : l'amourette, le junod, l'anis del oso qui remplacent l'absinthe d'avant-guerre ; le byrrh, le quinquina, le dubonnet, boissons inoffensives ; le vermouth, l'amer, le cinzano, et tant d'autres flacons dont l'éclat bariolé amusait l'oeil avant de tenter la soif.
Quittances en main, M. Goutay donnait des adresses de fournisseurs ; puis dans un verre à apéritif, avec de l'eau, il indiquait la proportion des "mélanges" ainsi que la façon de faire un "faux col", c'est-à-dire de ne pas remplir le verre jusqu'aux bords.

Eugène Dabit, L'hôtel du nord, Le livre de poche, 1959.

Un voyage en URSS qui se termine mal
En 1936, en pleine euphorie du Front Populaire en France, l’Union Soviétique reste un modèle politique, économique et social pour ces écrivains antifascistes. De nombreux écrivains font le voyage : André Gide, Louis Guilloux, Pierre Herbart, Jef Last et l'éditeur Jacques Schiffrin. Eugène Dabit en est aussi. Mais lui ne reviendra pas, emporté par la scarlatine, le 21 août 1936, à Sébastopol. Il allait avoir 38 ans.