jeudi 6 juillet 2023

absinthe. page 101. La claire fontaine

Au soir, Courbet eut de la fièvre. Il était agité. Il écrivit à Castagnary une lettre confuse. Il y lâchait la bonde à ses inquiétudes et s'ouvrait de l'impression qu'il avait parfois d'être suivi. Il se fit même la surprise d'écrire :" Je crains que mon beau-frère soit de la police secrète et qu'il soit spécialement chargé de me surveiller". Le lendemain, un docteur vint à Bon-Port pour regarder tout ça. Les écorchures et la plaie à la jambe étaient bénignes. En revanche le ventre, le pouls, le souffle, la couleur de l'urine, ne disaient rien de bon. Le docteur Duler fit au peintre des recommandations de repos, de tempérance, mais ce fut à Morel, ayant compris le fonctionnement de la maison, qu'il confia ses craintes. Si c'est le foie, comme je le pense, voilà monsieur mal engagé. Il lui faut changer de vie, du tout au tout, vous comprenez. Diminuez le vin et supprimez l'absinthe. Je vais vous faire une ordonnance. Je reviendrai le voir.

 

David Bosc, La claire fontaine, éditions Verdier, 2013.



David Bosc (1973)

 

C'est avec un entretien pour l'(excellente) revue Ballast que j'ai découvert cet écrivain. J'ai emprunté La claire fontaine à la bibliothèque (malheureusement ils n'ont que ce seul livre en catalogue),et j'ai été enchanté de sa lecture.

Courbet, c'est bien sûr le peintre, Gustave de son prénom.