mercredi 2 octobre 2013

absinthe. page 213. V.

Dans les cercles fréquentés par les espions italiens, la dernière bonne histoire était celle de l'Anglais qui avait fait cocu son ami transalpin. Le mari, en rentrant chez lui un soir, surprend le couple adultère en flagrant délit et au lit. Fou de colère, il tire son pistolet, pressé de venger son honneur. Quand l'Anglais l'arrête du geste : "Allons, mon vieux, dit-il d'un ton protecteur, pas de dissensions dans la troupe, que diable ! Songez aux répercussions que cela pourrait avoir sur la Quadruple-Alliance."
L'auteur de cette parabole était un nommé Ferrante, buveur d'absinthe et terreur des vierges. Il essayait de se faire pousser la barbe. Il détestait la politique. Comme quelques milliers de jeunes gens à Florence, il se proclamait néo-machiavélien. Il considérait les choses de loin, n'ayant que deux articles de foi : a) le service étranger, en Italie, est irrémédiablement corrompu et abruti, et b) quelqu'un devrait se décider à assassiner Umberto 1er.

Thomas Pynchon, V., éditions du Seuil, 1985.
(traduit de l'américain par Minnie Danzas)





Thomas Pynchon (1937)
Lorsqu'on l'interrogea sur sa nature recluse, Thomas Pynchon répondit : « Je crois que reclus est un mot de code utilisé par les journalistes et qui signifie qui n'aime pas parler aux reporters ».
Qu'on laisse donc tranquille Thomas Pynchon si c'est son souhait !