mardi 22 juin 2010

page 156. Les croix de bois

"Les débits devant fermer à une heure, nous payons Lucie, qui nous rend autant de sourires que de gros sous, et sortons. Sulphart veut nous entraîner au café Culdot, où, assure-t-il, on trouve de l'absinthe, en venant de la part du fourrier de la troisième. Par habitude, Lemoine dit que ça n'est pas vrai. Nous partons en flânant. Le village est maintenant presque désert. Il est interdit de quitter les cantonnements avant cinq heures et les quelques traînards qui musardent rasent les murs et tendent le cou, à chaque coin de rue, craignant de se jeter dans les gendarmes."

Roland Dorgelès, Les croix de bois, Le livre de poche, 1956.



Annexes :
Roland Dorgelès (1885-1973), engagé volontaire en 1914, a consacré d'autres œuvres à la Grande Guerre aux éditions Albin Michel : Le Cabaret de la belle femme (1920) ; Saint Magloire (1922) ; Le Réveil des morts (1923).
On peut lire également une correspondance de guerre, publiée sous le titre Je t’écris de la tranchée, reprenant deux cent soixante-dix lettres et cartes postales inédites, adressées pendant la guerre par Roland Dorgelès à différents membres de sa famille (Albin Michel, 2003).