lundi 26 janvier 2015

absinthe. page 59. Mystère rue des Saints-Pères

Il retourna dans la librairie. Victor le suivit, intrigué.
J'aimerais que tu fasses passer un encart publicitaire dans les pages du Passe-partout. Le prix est peu élevé, cela aide le journal et produit de bons résultats pour l'annonceur.
C'est ce qu'on appelle forcer la main ou je ne m'y connais pas, grogna Victor. D'accord, je vais te rédiger un texte. Combien de lignes ?
Oh, court, le plus court possible. Vois-tu, j'ai une grande envie de concision.
C'est comme pour tes nouvelles de première page, alors.
Mais oui, les tartines c'est du vent ! Que veut l'homme de la rue ? Du sensationnel qui le prenne aux tripes, de la vulgarisation scientifique qui lui donne l'illusion d'être savant, des feuilletons découpés en épisodes qui le fassent rêver à l'heure de l'absinthe, des réclames qui lui chatouillent le nerf olfactif. Un de mes collègues a eu ce mot génial : "Ayons le courage d'être bête."
La plupart des journalistes n'ont pas besoin de se forcer, ils sont idiots de naissance, marmotta Kenji en allant accueillir un client.
Marius éclata de rire.
M. Kenji Mori n'a guère de sympathie pour moi, on dirait !

Claude Izner, Mystère rue des Saints-Pères, 10/18, 2003.



Claude Izner

Claude Izner : sous ce pseudonyme se cachent en réalité deux sœurs, Laurence Lefèvre et Liliane Korb, qui écrivent ensemble depuis plus de dix ans.
Liliane Korb (1940), a d’abord exercé le métier de chef monteuse avant de devenir bouquiniste sur la rive droite. Elle a participé à l’écriture de plusieurs spectacles audiovisuels et pièces de théâtre.
Laurence Lefèvre (1951), devient bouquiniste en même temps que sa sœur dans les années 1970. Parallèlement à son métier de libraire elle écrit des romans pour adultes dont l’un recevra le prix de la société des gens de lettre en 1977.
Claude Izner est l’auteur d’une série publiée aux éditions 10-18 dans la collection grands détectives : Les Enquêtes de Victor Legris. La série comprend 12 livres, et débute avec ses Mystères rue des Saints-Pères.
Compte-tenu que ses aventures se déroulent dans les années 1890, il n'est pas étonnant que dans chaque volume, l'absinthe apparaisse :
- volume n°2 : aux pages 64 ("Ferdinand, tu devrais pas toucher à la verte, ça vous bouffe de l'intérieur, cette saleté-là, et on peut plus s'en passer, jusqu'à ce qu'on devienne maboul") et 162 ("Les becs de gaz du boulevard Saint-michel éclairaient de leur lumière ambrée une foule affairée d'étudiants sans le sou, de professeurs sans élèves, de bohèmes de tout poil dérivant vers les terrasses des cafés où régnait la déesse du rêve et de l'oubli, l'absinthe").
- volume n°3 : à la page 83 ("Il déambula le long des cafés où les artistes et les noceurs célébraient une commune victoire sur l'ennui à grands renforts de bière et d'absinthe").
- volume n°4 : aux pages 76 ("Monsieur le photographe, t'as l'estomac vide... tu veux un remontant ? Une lampée d'absinthe de Pontarlier ?"), 156 ("C'était l'heure où la fée verte effaçait les détresses en distillant son venin dans le sang de ses fidèles") et 223 ("Il ne put résister à l'envie d'acheter deux saucisses à une grosse femme moustachue qui insista pour lui verser une lampée d'absinthe de Pontarlier").

annexe :
- site personnel des auteurs.