dimanche 12 août 2018

absinthe. page 80. Djamilia

Nous rentrâmes tard de la gare. Djamilia allait devant. Et la nuit était une splendeur. Qui ne connaît pas les nuits d"août avec leurs étoiles lointaines à la fois, et proches, extraordinairement brillantes ! Chaque petite étoile est en vue. En voilà une, comme engivrée sur ses bords, qui n'est que scintillation de petits rayons glacés, du ciel sombre elle regarde notre terre avec un naïf étonnement. Nous roulions dans le défilé, et moi je la regardais là-haut longuement. C'était avec plaisir que les chevaux trottaient vers l'écurie, sous les roues le cailloutis grinçait. Le vent de la steppe, apportait un amer pollen d'absinthes en fleur, un à peine perceptible  aromate d'orge mûre, refroidi ; et tout cela, se mêlant à l'odeur du goudron et des harnais des chevaux en sueur, vous faisait un peu tourner la tête.

Tchinghiz Aïtmatov, Djamilia, Folio, 2001.
(traduit du kirghiz par A. Dimitrieva et L. Aragon)

Tchinghiz Aïtmatov (1928-2008)
Il a d'abord écrit en kirghize, puis il le fera en russe.
Peu d'ouvrages disponibles en traduction française. Toutefois deux romans chez le Temps des cerises.

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